Les abonnés vont-ils fuir à cause de la fin du partage de comptes ?

La fin du partage de comptes Netflix approche à grands pas. L’interdiction va-t-elle provoquer une nouvelle fuite d’abonnés ? Oui et non.

Après des années de tolérance, Netflix s’apprête à agir contre le partage de comptes. Le leader du streaming a l’intention de compliquer la vie des personnes qui accèdent aux séries et films de son catalogue en profitant de la générosité d’autrui.

Concrètement, Netflix utilisera des informations comme l’adresse IP pour identifier les abus. La plate-forme réclamera ensuite une somme supplémentaire au propriétaire du compte… ce qui vise évidemment à dissuader le partage. Pour éviter qu’un de vos appareils soit considéré comme étranger par Netflix, il suffit de le connecter au moins une fois par mois à votre réseau Wi-Fi domestique. La mesure sera mise en place à grande échelle dès le mois de mars 2023.

En réglementant la pratique, Netflix espère gonfler son parc d’utilisateurs. Le géant américain estime que les emprunteurs de comptes, privés du catalogue Netflix, opteront pour un abonnement afin de regarder des films et séries. Pour séduire les budgets les plus modestes, le service de streaming a d’ailleurs lancé un abonnement moins cher, mais financé par la publicité.

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Nouvelle hémorragie en vue

Sans surprise, les abonnés qui partagent leur mot de passe avec leurs proches voient l’interdiction à venir d’un mauvais œil. D’après un sondage relayé par Andrew Uerkwitz, analyste chez Jefferies, une grande partie des clients sont d’ailleurs prêts à quitter Netflix.

L’analyste financier relaie un sondage réalisé par la banque d’investissement Jefferies auprès de 380 internautes. Ce sondage, dont l’échantillon reste limité, montre que 62 % des téléspectateurs abandonneront Netflix lorsque le partage de comptes sera effectivement interdit.

Cette étude laisse penser que la fin du partage de mots de passe s’accompagnera d’une nouvelle vague de désabonnements. L’an dernier, Netflix a déjà souffert d’une importante hémorragie de clients. Au cours du premier semestre, le service de streaming a perdu plus d’un million d’abonnés. En inondant son catalogue de nouvelles séries à succès et une offre moins chère, Netflix est parvenu à redresser la pente dans le courant de la seconde partie de l’année. Alors que la fuite vient seulement d’être colmatée, l’entreprise est-elle prête à risquer une nouvelle crise ?

Une migration réversible

Néanmoins, Andrew Uerkwitz se veut rassurant. D’après l’expert, il est probable que la baisse du nombre d’abonnés ne soit que temporaire. L’analyste estime que les clients finiront par revenir à court terme. D’ici à la fin 2023, seulement 21 % des emprunteurs opteraient pour un abonnement. Ce taux grimpe à 45 % pour fin 2024. Après plusieurs mois de réflexion, les emprunteurs, d’abord brusqués par l’interdiction, finiraient donc par changer d’avis.

Pour justifier ses prédictions, l’analyste met en avant les nombreux films et séries du catalogue Netflix. La plate-forme diffuse régulièrement des productions à succès, dont des séries originales. Celles-ci ont toujours été le véritable moteur de croissance du service. Grâce à des productions comme Stranger Things, Monstre ou Mercredi, Netflix jouit d’un regain d’intérêt, qui s’accompagnent bien souvent d’une vague d’abonnements. Plus complet que ses rivaux, comme Disney+ et Amazon Prime Video, Netflix reste encore incontournable sur le marché de la VOD.

Un changement de taille

Quoi qu’il en soit, la fin du partage de mots de passe risque de chambouler l’évolution du parc d’abonnés Netflix. Plusieurs études démontrent en effet qu’il s’agit d’une pratique très répandue auprès de la clientèle.

Un sondage publié en 2020 révèle qu’un peu plus de la moitié des abonnés américains partagent leur mot de passe. La moitié des partageurs  expliquent avoir donné leurs identifiants à un parent éloigné qui ne vit pas dans la même maison. Même constat en France. Selon une étude de la société de conseil BearingPoint, 41 % des Français ont déjà partagé au moins une fois leur mot de passe avec une proche qui ne vit pas sous le même toit.

En clair, Netflix a beaucoup plus d’utilisateurs que d’abonnés payants. Si une partie des emprunteurs, éjectés suite à l’interdiction, finissent effectivement par souscrire à un abonnement, Netflix pourrait donner un joli coup de fouet à sa croissance…  

Source : Barrons